En 1ère année d’études d’assistante sociale, la question nous fut posée de savoir si nous avions des craintes particulières en rapport avec la profession même. Ma seule peur alors résidait dans la motivation incertaine du choix d’études, la peur de chercher à m’aider moi-même à travers le travail social visant à aider d’autres. Est-ce que je choisis ceci en vue de « vraiment » aider les autres ou simplement pour m’aider moi-même ? Okay peut-être me posais-je trop de questions direz-vous mais soit tel était mon état d’esprit à l’époque et ce qui m’a amené où je suis aujourd’hui, cheminez mon processus de pensées avec moi le temps d’une lecture…
Pourquoi le social ?
Mon choix d’études ayant suivi une adolescence difficile où une aide extérieure fut la bienvenue, il était compréhensible que je cherche à aider d’autres personnes vivant des situations similaires. J’ai longtemps hésité entre la communication, les relations publiques, les langues, la psychologie sans parler de ma passion d’enfance l’égyptologie –allez-vous en savoir pourquoi- mais enfin ce fut le social qui l’emporta: durée limitée, stages sur le terrain et la possibilité de compléter par d’autres formations plus ciblées tout en travaillant, bref j’y voyais là du potentiel…
Le déclic
En 3ème et dernière année, le prof de psycho nous demande qui croit que si l’on aime quelqu’un c’est pour lui et non pour soi-même. A ma grande surprise pratiquement toutes les mains se lèvent, choquée je m’exclame qu’évidemment si on aime c’est avant tout pour soi-même. Heureusement le prof confirme mon sentiment à l’incompréhension totale de certains. Et là ça fait tilt, je réalise le sens profond derrière ma peur initiale. Bien sûr que je cherche à m’aider moi-même en aidant autrui, tout comme si j’aime un autre c’est avant tout pour moi, tout comme si je fais un don c’est avant tout dans mon propre intérêt, tout comme si j’écris c’est avant tout pour mon propre plaisir (ben oui sorry ;-). Je saisis alors que ce n’était pas ça qui aurait dû m’inquiéter mais plutôt tout ce que cela sous-entend : le sentiment de culpabilité pointant du nez à l’idée de m’aider moi comme si « moi » n’était pas primordial, le fait que la source de mon bien-être dépende en partie de l’extérieur mais aussi que le mal-être d’un autre participe à mon bien-être ! Tout cela était évident pour mes proches et ma thérapeute à l’époque mais certaines choses ont besoin de temps pour que le déclic se fasse. J’ai dû apprendre à redevenir moi, cet être à part entière et positivement égoïste* qui n’a ni besoin de l’autre ni de son malheur pour se sentir bien. Un individu responsable de ses besoins, autonome et agissant en pleine conscience. Ceci a eu un impact sur ma vie dans son ensemble. Il est devenu évident que j’utilisais mes relations en vue de remonter mon estime et non seulement cette prise de conscience conduit à une sérieuse remise en question personnelle mais aussi à un regard différent sur ceux qui participent au jeu par manque encore plus grand de dignité et de respect d’eux-mêmes. Être victime de soi-même est une chose mais se laisser devenir victime d’un autre en est une autre… La sympathie (au sens de : souffrir avec) n’est d’aucune utilité par contre le détachement permet de travailler en toute objectivité.
Et donc professionnellement parlant, comme mon but initial était de consulter en privé, c’est plutôt vers ça que je me suis orientée. Déjà mon ambition était de responsabiliser les personnes concernées or à part dans le privé en général on favorise l’assistanat ce qui n’aide personne et surtout pas la personne concernée, sans parler du manque de respect vis-à-vis des travailleurs sociaux or tolérer un manque de respect en dit aussi assez sur soi… Par contre j’ai fait du très bon boulot comme psychothérapeute. C’est aussi plus facile de travailler avec des personnes qui veulent avancer et qui sont prêtes à se remettre totalement en question pour y arriver.
*Petite parenthèse pour ceux qui crieraient au secours à la vue du mot égoïsme. Comme disait Boris Vian « ce qui m’intéresse, ce n’est pas le bonheur de tous les hommes mais bien le bonheur de chacun ». Aider l’autre à trouver sa voie, oui mais pas au détriment de soi. Le bonheur de chacun… quand vous comprenez cela, le mot égoïsme prend un sens nouveau, ce que j’aime appeler un égoïsme éthique. Par exemple, apprendre à s’affirmer et à dire non pour prévenir tout débordement émotionnel fait preuve de bon sens.
L’altruisme, une vertu ?
Alors si l’altruisme est une vertu (dont le sens peut varier selon la religion ou philosophie mais où l’on retrouve l’idée d’aimer et de servir l’autre peu importe les conséquences pour soi-même; voire qui représente pour certains une réelle négation de soi au profit d’un autre dans le besoin), il serait temps de repenser nos valeurs fondamentales parce qu’une vertu qui se nourrit du malheur des autres… Oui, je peux me réjouir du bonheur des autres et souhaiter le bien-être de chacun mais pas à mon détriment, ce serait irrespectueux tant vis-à-vis de moi que de l’autre car si je me manque de respect, a fortiori j’en manque vis-à-vis des autres. Et d’un point de vue éthique, je ne peux pas, même indirectement, stimuler un besoin chez l’autre pour in fine booster mon estime personnelle. Alors l’acte de générosité ou d’altruisme libre, sans sacrifice de soi, oui. L’utilisation de ces actes comme valeur morale, non.
A méditer donc…
Et idées, réflexions bienvenues!!! 🙂
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(3 commentaires)
2 pings
Coucou,
ben voilà un texte empreint de logique. Aider c’est comme aimer difficile de le faire que pour le tiers. C’est une satisfaction personnelle et un peu nombriliste, j’en conviens. On aime pour rendre l’autre heureux => on en tire satisfaction. Pour l’aide c’est la même chose. On se sent bien du bien rendu … on flatte l’égo => égoïsme. L’altruisme est certainement cette satisfaction recherchée à outrance, malheureusement on ne peut sauver le monde, ni personne d’ailleurs et tu l’as compris. Seul celui qui veut s’en sortir le peut, toi tu ne peux que l’aider ( à ton niveau, et nous avons tous notre rôle à jouer pour ça, même le dernier des salopards )
Merci de la visite 🙂
Logique oui et pourtant… 😉
Mais en effet comme disait souvent mon formateur de thérapie brève, aider quelqu’un d’irresponsable est un acte en soi irresponsable.
A bientôt, bon week-end : )
On a tous un petit grain de folie à satisfaire. Et c’est quoi être irresponsable ?
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