Je suis assise à l’arrière de la voiture. Deux personnes à ma droite, une à ma gauche. Le conducteur. Le siège passager à l’avant est vide. Le paysage change. Le sol de la Terre brille de millions d’étoiles comme des graines de gemmes de toutes les couleurs. La voix me dit que je peux quitter ce voyage maintenant. Si je reste et il va falloir s’accrocher. Le temps d’enregistrer et c’est déjà trop tard. Le véhicule qui nous transporte accélère. Je sens la panique monter. Je ne suis plus sure de vouloir rester mais tout va si vite. Nous fonçons droit dans la Terre qui ressemble plus à un volcan d’un rouge-orangé flamboyant. L’expérience prend le dessus sur la peur et l’émerveillement.
Suis-je au sein de la Terre ou de l’Univers ? Le vortex de feu nous absorbe. La vitesse nous propulse si violemment que je me sens tirée vers l’avant. En chair et en os, mais aussi d’un point de vue vibratoire. Ce n’est pas mon premier voyage, je reconnais les signes. J’entends la voix du pilote me demander qui suis-je. Non pas qui suis-je en tant qu’être humain mais en vérité qui suis-je. Je m’entends dire : Je suis. Je suis. Je… Je… et plus un son ne sort parce qu’il n’y a pas de mot pour exprimer ce qui EST – au-delà du Je.
Je me retrouve avec mes compagnons dans un espace que je reconnais. Les bâtiments de pierre semblent à l’abandon. Je marche à la recherche de quelque chose. J’y suis ! Je vois la cour intérieure, l’herbe et au milieu une source d’eau qui jaillit.
Je Suis.
Je suis ce que je suis en train d’être.
Je suis tout ce qui est, tout ce qui fût, et tout ce qui sera.
Je suis.
Je.
.
Si je vous partage ce rêve, c’est parce qu’il m’est parfois difficile d’exprimer la nature de l’être (ou la nature d’être) avec la langue parlée qui limite par son vocabulaire. Comment traduire quelque chose qui est, qui se vit. Je peux essayer de vous partager une expérience, mais les mots et leurs définitions (et interprétations) en réduisent la nature. À travers mes audio, je peux vous faire ressentir, mais peut-être que ce rêve vous parlera d’une autre façon.
Je pourrais vous dire que le passé, le présent, le futur se confondent. Que « je suis » autant que « nous sommes », et que « je » n’existe qu’en relation avec un autre je – vous. Mais dans l’expérience humaine, le soi est une réalité tangible.
Et si au lieu de chercher à le transcender, il s’agissait d’en saisir la nature, de le comprendre dans la profondeur de sa simplicité, d’en faire pleinement l’expérience en toute conscience ? Au-delà de la contemplation de notre nature, de vivre cette expérience propre tout en observant celle des autres, et de s’émerveiller de ces liens qui tissent la toile et la redéfinissent à chaque instant. De participer concrètement (à travers nos expériences) à cet ensemble que nous sommes dans nos « je suis », tout en ressentant notre unité. Tel un nuage d’oiseaux en murmuration ne faisant qu’un. Chacun jouant sa part dans un ensemble, qui est plus que la somme de ses éléments.
Je suis. Je suis. Je… Je… et plus un son ne sort parce qu’il n’y a pas de mot pour exprimer ce qui EST – au-delà du Je.
6 pings